CHRISTMATION

Texte extrait de : Enseignement de la foi chrétienne orthodoxe (Catéchisme orthodoxe), Bucarest 1952, réédité à Iași en 1996

Le Sacrement de la Chrismation

Le Sacrement de la Chrismation est le Sacrement par lequel on accorde au nouveau baptisé, par l’onction avec le Saint Chrême (Saint Myron), les dons du Saint-Esprit, afin qu’il croisse et se fortifie dans sa vie spirituelle.

Quand le Sacrement de la Chrismation a-t-il été établi ?

L’établissement de ce Sacrement trouve son origine dans le commandement du Sauveur aux Apôtres : « Et voici, je vous enverrai la promesse de mon Père ; mais vous, restez dans la ville de Jérusalem jusqu’à ce que vous soyez revêtus de la puissance d’en haut » (Luc 24, 49). L’établissement de ce Sacrement a été fait de manière voilée, mais il serait manifesté de façon claire et éclatante le jour de la Pentecôte.

L’établissement du Sacrement de la Chrismation est confirmé par la descente visible du Saint-Esprit au Baptême du Sauveur, puis par les paroles de l’Apôtre Saint Paul : « Et celui qui nous affermit avec vous en Christ, et qui nous a oint, c’est Dieu, qui nous a aussi scellés, et qui a donné les arrhes de l’Esprit dans nos cœurs » (2 Cor. 1, 21-22 ; Éph. 4, 30). Ainsi, l’Apôtre et Évangéliste Jean nous enseigne également : « Vous, vous avez l’onction de Celui qui est Saint, et vous savez toutes choses… l’onction que vous avez reçue de Lui demeure en vous, et vous n’avez pas besoin que personne vous enseigne… » (1 Jean 2, 20, 27).

Qui a partagé ce Sacrement pour la première fois ?

Les Saintes Apôtres, immédiatement après la descente du Saint-Esprit (Actes 8, 16-17; 19, 6).

Quelles conditions doit remplir le récipiendaire ?

Les mêmes que celles du Saint Baptême, dont le Sacrement de la Chrismation est indissociable, étant administré immédiatement après le Baptême. Les Saints Apôtres Pierre et Jean se rendirent en Samarie pour imposer les mains aux baptisés (Actes 8, 16-17). L’Apôtre Saint Paul imposa les mains aux baptisés au nom du Seigneur Jésus (Actes 19, 2-6). La tradition ecclésiale confirme cette pratique. « Cela se fait encore aujourd’hui parmi nous, dit Saint Cyprien, c’est-à-dire que ceux qui sont baptisés dans son Église sont présentés aux responsables de l’Église et, par la prière et l’imposition de nos mains, ils reçoivent le Saint-Esprit et, par le signe du Seigneur, ils reçoivent la perfection ». Jusqu’à ce moment-là, il est dit que le Sacrement de la Chrismation était effectué par l’imposition des mains et par l’onction (Actes 8, 16-17 ; Éph. 1, 13 ; 4, 30 ; 2 Cor. 1, 21-22 ; 1 Jean 2, 20, 27). Plus tard, il resta uniquement l’onction, pour ne pas la confondre avec l’ordination, qui est accomplie par les Apôtres ou les Évêques. Voici ce que dit Saint Cyrille de Jérusalem à propos de l’accomplissement de ce Sacrement par onction : « Vous, après être sortis de la cuve des eaux saintes, vous avez reçu l’onction, préfiguration de Celui qui a été oint, et c’est le Saint-Esprit ». Le Sacrement de la Chrismation ne se répète pas.

Comment expliquer que le Sacrement de la Chrismation ait été réalisé à la fois par l’imposition des mains et par l’onction ?

Au début, les Saintes Apôtres accomplissaient ce Sacrement par l’imposition des mains, comme nous l’avons vu (Actes 8, 17). Puis, progressivement, les Saintes Apôtres remplacèrent l’imposition des mains par l’onction, et cela se fit assez tôt, avec la propagation du christianisme, qui ne permettait plus aux Apôtres de se rendre aussi loin et de baptiser autant de personnes. À mesure que le christianisme se répandait, ce Sacrement commença à être accompli par l’onction avec le Saint Chrême et par chaque prêtre, de manière similaire à l’onction dans l’Ancien Testament, où les prêtres et les prophètes, en oignant avec de l’huile, invoquaient la bénédiction divine.

Le Saint Chrême est préparé à partir d’huile d’olive, de vin et de 35 aromates différents, et il est sanctifié uniquement par les évêques (Canon 6 de Carthage, 418). La consécration du Saint Chrême relève de la prérogative de l’Église autocéphale, il est donc consacré par les évêques de l’Église respective, sous la direction de son primat, le Jeudi de la Passion, après la Divine Liturgie. Le Saint Chrême est ensuite distribué par l’évêque de l’archidiocèse aux prêtres pour l’administration du Sacrement de la Chrismation.

Quand se réalise le second Sacrement, c’est-à-dire l’Onction avec le Saint Chrême ?

Dans l’Église orthodoxe, ce Saint Sacrement est administré immédiatement après le Baptême ; c’est pourquoi il ne constitue pas un service séparé, mais il est lié à celui du Baptême, comme une prolongation de celui-ci.

Qu’est-ce que le Saint Chrême ?

C’est de l’huile d’olive mélangée avec des épices, préparée (bouillie) selon un rite précis chaque année, pendant les trois premiers jours de la semaine de la Passion, et sanctifiée par le Patriarche du pays, le jeudi de cette même semaine, lors de la Liturgie. Il est distribué aux évêques et à toutes les églises. Par la variété des épices qui le composent, il symbolise la multiplicité et la diversité des dons et des pouvoirs du Saint-Esprit. Le Saint Chrême est utilisé non seulement pour le second Sacrement après le Baptême, mais aussi pour la consécration des autels et des églises.

Comment se fait l’onction avec le Saint Chrême et que symbolise-t-elle ?

Après le Baptême, le prêtre lit immédiatement une prière dans laquelle il demande à Dieu de rendre digne le nouveau baptisé du don de l’onction avec le Saint Chrême et de la participation aux Saints Mystères. Ensuite, il l’oigne avec le Saint Chrême, en traçant le signe de la Croix : sur le front, pour sanctifier l’esprit et les pensées ; sur les yeux, les narines, la bouche et les oreilles, pour sanctifier les sens ; sur la poitrine et dans le dos, pour sanctifier le cœur et les désirs ; sur les mains et les pieds, pour sanctifier les actions et les voies du chrétien. À chaque fois, il prononce les paroles : « Le sceau du don du Saint-Esprit. Amen ». Ces paroles sont tirées de la seconde épître de l’Apôtre Saint Paul aux Corinthiens, où il dit : « Or, celui qui nous affermit avec vous en Christ, et qui nous a oint, c’est Dieu, qui nous a aussi scellés, et qui a donné les arrhes de l’Esprit dans nos cœurs » (2 Cor. 1, 21-22).

Cette onction est donc le signe du don du Saint-Esprit, qui est descendu de manière visible sur le Sauveur et sur les Saintes Apôtres, et qui maintenant nous est donné aussi, après le Baptême, de manière invisible. Par l’onction, le nouveau baptisé devient un nouveau Christ, c’est-à-dire un « oint du Seigneur », car le mot grec « Christos » signifie « oint ».

Quelles sont les parties suivantes du service ?

Le tour de la table du baptême, le lavage du nourrisson et la coupe des cheveux.

Comment se fait le tour de la table du baptême et que symbolise-t-il ?

Les serviteurs, avec le parrain et le nourrisson, tournent autour de la cuve baptismale et de la table sur laquelle est l’Évangile, en chantant l’hymne : « Ceux qui avez été baptisés en Christ, vous avez été revêtus de Christ. Alléluia », tiré de l’épître de Saint Paul aux Galates (3, 27). Ce tour, en forme de ronde, symbolise la joie de l’Église d’accueillir un nouveau croyant du Christ dans son sein. Ensuite, on lit l’épître aux Romains (6, 3-11), où Saint Paul explique la signification et les effets du Baptême, puis l’Évangile de Saint Matthieu (28, 19-20), qui contient les paroles par lesquelles le Sauveur a fondé le Sacrement du Baptême.

Comment et pourquoi se fait le lavage du nourrisson, après qu’il ait été oint avec le Saint Chrême ?

Après que le prêtre ait récité plusieurs prières pour préserver intactes les grâces du Baptême et du Saint Chrême chez le nouveau baptisé, il mouille le linge du nourrisson et asperge d’abord son visage, puis il lave tous les endroits où il a été oint du Saint Chrême, pour préserver le Chrême de toute souillure.

Comment et pourquoi se fait la coupe des cheveux de celui qui se fait baptiser ?

Après d’autres prières, le prêtre coupe quelques mèches de cheveux du sommet de la tête du nourrisson et les place dans la cuve baptismale, en prononçant les mots : « Le serviteur (ou la servante) de Dieu (Nom) est tondu au nom du Père… » etc. Dans les peuples anciens, les cheveux étaient considérés comme un signe de force et de virilité (Juges 16, 18-20) ; c’est pourquoi leur coupe symbolise la soumission totale du nouveau baptisé à la domination et à l’obéissance de Dieu, en Qui il a été baptisé et Qui est désormais son Chef ou Guide. Etant faite en forme de croix, la coupe des cheveux est aussi le sceau du Christ ; et comme les cheveux sont produits par le corps, leur coupe constitue aussi une offrande ou un sacrifice du corps humain, offert à Christ. C’est pourquoi les cheveux coupés ne sont pas jetés n’importe où, mais sont mis dans un endroit pur, généralement dans la cuve baptismale.

Comment se termine le service du Baptême et de l’Onction avec le Saint Chrême ?

Il se termine par une courte litanie tripartite pour le nourrisson et pour le parrain, après quoi on fait l’office de conclusion. Le prêtre donne ensuite la Sainte Communion au nourrisson devant les portes royales. Ainsi, après que le nourrisson a été purifié du péché originel par le Baptême, et après avoir reçu le sceau du don du Saint-Esprit, il reçoit la Sainte Communion, car cela est la fin et la couronne des Sacrements ; par elle, le nouveau chrétien s’unit parfaitement à Christ, devenant ainsi un membre complet et véritable du Corps du Christ.

[1]Siméon de Thessalonique, Sur les Saints Mystères (Despre Sfintele Taine), chapitres 65 et 71, traduction roumaine, pages 80 et 84.