Texte extrait de : “Enseignement de la foi chrétienne orthodoxe” (Catéchisme orthodoxe), Bucarest 1952, rééd. Iași, 1996
La Sainte Communion est le Sacrement par lequel le chrétien reçoit le Corps et le Sang du Seigneur, qui, aux yeux de notre corps, conservent l’apparence du pain et du vin.
Quand ce Sacrement a-t-il été institué ?
Ce Sacrement de la Communion a été institué par le Sauveur lors de la Dernière Cène, lorsqu’il prit le pain, pria et le bénit en disant : « Prenez, mangez, ceci est mon corps ». Puis il prit la coupe, rendit grâce, la bénit en disant : « Buvez-en tous, car ceci est mon sang, le sang de la nouvelle alliance, qui est versé pour beaucoup en rémission des péchés » (Matthieu 26, 26-28 ; Marc 14, 22-24 ; Luc 22, 19-20 ; Jean 6, 35 ; 1 Cor. 11, 23-25). Ensuite il ajouta : « Faites ceci en mémoire de moi » (Luc 22, 19 ; 1 Cor. 11, 24 et 25).
Comment le pain et le vin deviennent-ils le Corps et le Sang du Sauveur ?
Cela se fait par leur transformation en véritable Corps et Sang du Sauveur, par la puissance du Saint-Esprit invoquée sur eux par l’évêque ou le prêtre célébrant (épiclèse). C’est pourquoi la Sainte Communion est la prolongation de l’Incarnation du Seigneur.
Qu’est-ce que cette transformation ?
Pendant sa vie terrestre, avant ses souffrances, le Sauveur se présente aux hommes comme « le pain de vie » et comme la véritable nourriture et boisson : « Je suis le pain de vie… Je suis le pain vivant qui est descendu du ciel. Si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement ; et le pain que je donnerai pour la vie du monde est mon corps… Si vous ne mangez pas le corps du Fils de l’homme et ne buvez pas son sang, vous n’avez pas la vie en vous. Celui qui mange mon corps et boit mon sang a la vie éternelle et je le ressusciterai au dernier jour. Mon corps est une véritable nourriture et mon sang est une véritable boisson. Celui qui mange mon corps et boit mon sang demeure en moi et moi en lui » (Jean 6, 48, 51, 53-56). Le Sauveur nous assure que nous mangerons véritablement son Corps et boirons son Sang, non symboliquement, comme le prétendaient les hérétiques d’antan et certains protestants. L’Apôtre Paul le confirme en disant : « Quiconque mange ce pain ou boit la coupe du Seigneur indignement sera coupable du Corps et du Sang du Seigneur » (1 Cor. 11, 27). Mais comment le pain et le vin se transforment-ils en Corps et Sang du Sauveur ? C’est un Mystère qui dépasse notre capacité de compréhension. Les Saints Pères enseignent que la puissance du Saint-Esprit, qui descend lors de la prière du prêtre, transforme le pain et le vin. Voici ce que dit saint Jean Damascène à ce sujet : « Le pain même et le vin même se transforment en Corps et Sang du Seigneur. Et si tu demandes comment cela se fait, il te suffit d’entendre que, par le Saint-Esprit, tout comme le Seigneur a pris son corps de la Sainte Vierge par l’Esprit Saint. Nous ne savons rien de plus, si ce n’est que c’est la Parole véritable, opérante et toute-puissante de Dieu, mais comment cela se fait ne peut être cherché. Ce n’est pas sans intérêt de dire aussi que de même que naturellement le pain par la nourriture et le vin et l’eau par la boisson se transforment en corps et en sang de celui qui mange et boit et ne deviennent pas un autre corps à côté de l’ancien, ainsi le pain, le vin et l’eau par l’appel et la venue du Saint-Esprit se transforment d’une manière qui dépasse la nature en Corps et Sang du Christ et ne sont pas deux, mais un et le même… Le pain et le vin ne sont pas l’image du Corps et du Sang du Christ – loin de là ! – mais le Corps divin du Seigneur lui-même, car le Seigneur lui-même a dit : « Ceci n’est pas l’image de mon corps, mais “mon corps” et ce n’est pas l’image de mon sang, mais “mon sang” ».
Le pain et le vin se transforment-ils dans le Corps et le Sang du Sauveur tel qu’ils étaient avant la Résurrection ou après ?
Ils se transforment dans le Corps et le Sang que le Fils de Dieu a pris à l’Incarnation de la Vierge Marie, le Corps avec lequel il a souffert pour nos péchés et qu’il a ressuscité. Dès le moment de la transformation, le Seigneur demeure continuellement, entier et identique, sous les deux espèces et dans chaque partie de la Sainte Communion (Eucharistie).
Quand a lieu la transformation et ce Mystère est-il accompli ?
Cela se fait pendant la Sainte Liturgie, précisément lorsque le prêtre, levant les mains, le front et le cœur vers le ciel, prie ardemment Dieu en secret : « Envoie ton Saint-Esprit sur nous et sur ces dons qui sont devant nous, et fais que ce pain devienne le Corps honoré de ton Christ, et ce qui est dans cette coupe devienne le Sang honoré de ton Christ, les transformant par ton Saint-Esprit ! Amen, amen, amen. » Le pain et le vin se transforment alors en Corps et Sang du Seigneur. Pendant ce moment, le chœur chante « Nous te louons ».
La Sainte Communion est-elle seulement un Mystère ou est-elle plus que cela ?
La Sainte Communion est aussi un sacrifice. Cela se voit d’abord dans les mots mêmes de l’institution de ce Mystère, où il est dit : « Ceci est mon corps, qui se brise pour vous » (1 Cor. 11, 24). « Ceci est mon sang, de la nouvelle alliance, qui est versé pour beaucoup en rémission des péchés » (Matthieu 26, 28). « Ceci est mon corps, qui est donné pour vous » (Luc 22, 19). « Cette coupe est la nouvelle alliance dans mon sang, qui est versé pour vous » (Luc 22, 20). La séparation du corps et du sang montre la nature sacrificielle de la Sainte Communion : le Corps se brise et le Sang se verse uniquement dans un sacrifice. Deuxièmement, la Sainte Communion rend présente et continue le sacrifice du Golgotha. Le Sauveur est à la fois l’Offrant et l’Offrande. Il est l’Offrant comme Grand Prêtre et l’Offrande comme sacrifice vivant, tout comme son sacrifice sacré sur la Croix.
Quels sont les fruits de la Communion au Corps et au Sang du Seigneur ?
Celui qui se communie au Corps et au Sang du Seigneur s’unit mystérieusement au Seigneur et remplit ainsi son âme de grâce et de toutes les bénédictions spirituelles que procure une telle union : « Celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi et moi en lui » (Jean 6, 56). Il augmente sa vie spirituelle : « Celui qui me mange vivra par moi » (Jean 6, 57) ; « Celui qui mange ce pain vivra éternellement » (Jean 6, 58). Saint Ignace le Porteur de Dieu affirme que la Sainte Communion « est le remède de l’immortalité ». Cela est également enseigné par les Liturgies de saint Basile et de saint Jean Chrysostome. Ces dernières ont les mots : « Je me communie, moi, le serviteur de Dieu… pour la rémission des péchés et la vie éternelle ». La Sainte Communion conserve aussi le lien étroit avec tout le Corps de l’Église, dans laquelle le Seigneur demeure sans interruption.
Qui a le droit de donner la Sainte Communion ?
Seul le prêtre (ou l’évêque). Le diacre peut administrer la communion en cas de grande urgence à un laïc proche de la mort, mais seulement si aucun prêtre n’est disponible. Si, dans un tel cas, le diacre manque aussi et que les Saints Dons sont à portée de main, saint Siméon de Thessalonique, dans des cas de « grande nécessité et avec une grande attention », permettait exceptionnellement à un chantre ou à un fidèle particulièrement pur et pieux de donner la Communion à celui qui est sur le point de mourir, afin de ne pas laisser cette personne mourir privée de la nourriture de la vie éternelle. Les moines et les ermites, vivant loin des églises et des prêtres, peuvent aussi se communier seuls, mais suivant une certaine règle.
Quand et combien de fois par an le chrétien devrait-il se communier ?
La communion étant étroitement liée à la confession, tout ce qui a été dit concernant les délais et les exigences pour la confession s’applique également à la communion. Les règles indiquées dans le Liturghier soulignent que les prêtres doivent enseigner aux fidèles à se préparer pour la communion de manière régulière, idéalement lors des grandes fêtes chrétiennes, mais aussi pendant les quatre grands jeûnes de l’année. La préparation doit comprendre la confession et la purification spirituelle, comme le dit l’enseignement des Pères de l’Église.
Il est recommandé que chaque chrétien se communie le plus souvent possible, à condition de se préparer adéquatement (cf. 1 Cor. 11, 28-29).
Qui peut recevoir la communion ?
Seuls ceux qui sont dignes et préparés peuvent recevoir la communion. Comme nous l’enseigne l’apôtre Saint Paul : “Que l’homme s’examine lui-même, et ainsi qu’il mange de ce pain et qu’il boive de ce calice ; car celui qui mange et boit sans discerner le corps du Seigneur, mange et boit un jugement contre lui-même” (1 Cor. 11, 28-29). De même, les saints Pères enseignent que ceux qui ont commis des péchés graves — tels que l’apostasie, le meurtre, l’adultère, le vol, l’usure, la sorcellerie ou les pratiques occultes — sont exclus de la communion, jusqu’à ce qu’ils se repentent et se purifient par la confession. Même ceux qui sont « purs et dignes » doivent se préparer adéquatement pour recevoir ce sacrement.
Comment se préparer à la communion ?
La préparation à la communion est à la fois corporelle et spirituelle. Elle consiste en plusieurs éléments essentiels :
- La confession – La confession des péchés est essentielle avant la communion. Seuls les enfants de moins de 7 ans sont dispensés de la confession.
- La réconciliation avec autrui – Il est important de ne pas être en conflit avec qui que ce soit et de ne rien avoir contre quelqu’un.
- L’abstinence des plaisirs charnels – Il est recommandé de s’abstenir de toute relation sexuelle au moins quelques jours avant la communion et de ne rien manger ni boire le jour de la communion, à l’exception des malades en phase terminale.
- Les prières préparatoires – Avant de recevoir la communion, le fidèle doit prier et méditer sur les prières spécifiques. Parfois, le prêtre lit ces prières pour les fidèles dans l’église, avant la communion. Ces prières peuvent être trouvées dans le Ceaslov ou le Livre de prières.
Comment les laïcs se communient-ils ?
Les laïcs reçoivent la communion en dehors de l’autel, devant les portes royales de l’autel, après que les prêtres et les clercs se soient communiés. Ils s’approchent un à un, dans l’ordre de leur hiérarchie. Les hommes se communient d’abord, en commençant par les plus âgés, suivis des femmes, puis des enfants. Chacun tient une bougie allumée en signe de respect et de joie pour le Seigneur. Avant de les communier, le prêtre récite à haute voix les prières liturgiques : « Je crois, Seigneur, et je confesse… », « À Ta Sainte Cène secrète… », et « Ce n’est pas pour le jugement ni pour la condamnation… ». Une belle tradition consiste à demander pardon à tous dans l’église avant de recevoir la communion, en baisant la main des plus âgés ou en montrant du respect, par exemple, en s’inclinant devant les parents ou les parrains et marraines.
Contrairement aux clercs, les laïcs reçoivent à la fois le Corps et le Sang du Christ dans le même calice, à l’aide d’une cuillère, et le prêtre dit à chaque fois : « Le serviteur (ou la servante) de Dieu [nom] reçoit le Très-Saint Corps et Sang du Seigneur Dieu et Sauveur Jésus-Christ, pour le pardon des péchés et la vie éternelle ».
Comment se déroule la communion des malades ?
Les malades peuvent recevoir la communion à domicile ou à l’hôpital, avec des morceaux du Très-Saint Corps, spécialement consacrés pour ce but le Jeudi Saint et conservés dans l’Autel, dans l’Armoire sacrée (Chivot). Dans ces cas, la communion se fait selon une procédure spécifique, décrite dans le Molitfelnic (Livre des Prières). Toutefois, les malades dans un état d’inconscience, de folie ou de coma ne peuvent pas recevoir la communion.
Après la communion, les fidèles s’essuient les lèvres avec le linge du prêtre, baisent le Saint-Calice (en signe de vénération pour le côté de Christ), et se prosternent pour remercier Dieu. Ensuite, ils reçoivent l’anaphore, ou dans le cas de Pâques, un peu de vin pour se purifier la bouche et pour ne rien manger après la communion.
Le fidèle qui a reçu la Sainte Communion doit veiller à ne pas baiser d’icônes, ni la main de quelqu’un, à ne pas cracher par terre, et à s’abstenir de paroles de malédiction, de médisance ou de tout discours vain, afin de respecter et honorer le Très-Saint Corps et Sang du Christ qu’il a reçu.
[1] Saint Jean Chrysostome, Homélie sur l’épître aux Éphésiens ; Saint Anastase, Patriarche d’Antioche (cf. Nic. Milas, Les Canons…, II, 2, p. 261-263). Voir aussi les Molitfelnic dans les Canons (Ordonnance pour la Sainte Communion).
[2] Canon 32 de Saint Nicéphore le Confesseur (cf. Nic. Milas, op. cit., vol. II, part. II, p. 239).
[3] Voir plus en détail le Liturghier édition 1987, p. 445-446.
[4] Saint Apôtre Paul, dans l’Épître I aux Corinthiens, 7, 5 ; Saint Zénotheos, évêque d’Alexandrie, Canon 5 (cf. Milas, op. cit., trad. p. 152) ; Saint Siméon de Thessalonique, Réponse à la question 16, trad. roumaine p. 315 ; le Typikon (Grand) de Saint Sabbas, chapitre 34, §5, 3, 42.
[5] Concernant la règle de préparation convenable, tant spirituelle que corporelle, pour la communion, voir plus en détail dans les Povăţuirile du Liturghier, édition 1987.